Agathe Hilairet, une jeune joggeuse, a disparu dans la Vienne. Après plusieurs jours d’enquête, le parquet a décidé d’ouvrir une information judiciaire pour enlèvement et séquestration. Cette décision change la nature de la procédure et marque une nouvelle étape dans les investigations. Que signifie-t-elle concrètement ? Et pourquoi intervient-elle maintenant ?
Table des matières
Enquête de flagrance : la première étape en cas de disparition inquiétante
Lorsqu’une disparition jugée inquiétante est signalée, les autorités peuvent déclencher une enquête de flagrance, régie par l’article 74-1 du Code de procédure pénale.
Cela s’applique par exemple si :
- la personne disparue est mineure,
- son âge ou son état de santé rend la situation préoccupante,
- ou si les circonstances du départ sont jugées anormales.
👉 C’est ce cadre qui a permis aux enquêteurs de débuter immédiatement leurs investigations dès le signalement de la disparition d’Agathe Hilairet.
Pendant huit jours maximum, la police peut procéder à des actes forts :
- auditions de témoins,
- géolocalisation,
- perquisitions urgentes,
- saisie de téléphones ou de données,
- fouilles dans des zones ciblées.
Bon à savoir : Cette phase est dirigée par le procureur de la République, qui coordonne les opérations sans juge d’instruction à ce stade.
Quand l’enquête “classique” ne suffit plus : place à l’information judiciaire
Si, au terme de l’enquête de flagrance, les doutes se confirment ou que l’affaire s’avère complexe, le parquet peut :
- soit basculer vers une enquête préliminaire,
- soit, en cas d’indices plus graves, saisir un juge d’instruction en demandant l’ouverture d’une information judiciaire.
C’est cette seconde voie qui a été choisie dans l’affaire Agathe Hilairet, pour deux raisons :
- Le caractère criminel des faits suspectés : enlèvement et séquestration,
- La nécessité d’actes d’enquête renforcés, plus intrusifs, qui exigent l’autorité d’un magistrat indépendant.
Qu’est-ce qu’une information judiciaire ? Une procédure plus lourde mais plus puissante
Une information judiciaire est une phase d’enquête menée par un juge d’instruction, et non plus seulement par la police sous l’autorité du procureur.
Elle s’ouvre obligatoirement en matière criminelle, comme ici pour l’enlèvement.
Le juge d’instruction dispose de pouvoirs étendus, et peut :
- ordonner des perquisitions, écoutes téléphoniques, ou expertises,
- convoquer des témoins ou suspects sous serment,
- prononcer des mises en examen,
- placer une personne sous contrôle judiciaire ou détention provisoire.
« Le juge d’instruction agit à charge et à décharge. Son rôle n’est pas de faire condamner, mais de faire la lumière. »
Cette étape marque donc une judiciarisation plus poussée du dossier, avec un objectif : établir la vérité dans un cadre légal strict, en respectant les droits de chacun.

Pourquoi ouvrir une information judiciaire maintenant, dans cette affaire ?
Dans le cas d’Agathe, plusieurs éléments ont probablement conduit le parquet à franchir ce cap :
- L’absence de nouvelles malgré les recherches,
- Des éléments laissant penser à une intervention extérieure (ex : véhicule suspect, témoignage),
- La gravité potentielle des faits (enlèvement, séquestration).
Dans ces conditions, le parquet ne peut plus agir seul.
Il transmet donc le dossier à un juge d’instruction, qui prendra désormais la main pour diriger les investigations.
Bon à savoir : En matière de crimes, l’ouverture d’une information judiciaire est obligatoire si des poursuites sont envisagées. Ce n’est pas une option.
Que se passe-t-il maintenant ? Les prochaines étapes judiciaires
L’ouverture de l’information judiciaire entraîne la désignation d’un juge d’instruction référent, qui va :
- étudier le dossier,
- définir une stratégie d’enquête (auditions, expertises, réquisitions),
- collaborer avec les services d’enquête spécialisés.
Si un ou plusieurs suspects émergent au fil de l’instruction, le juge pourra :
- les entendre sous le statut de témoin assisté,
- les mettre en examen s’il existe des indices graves ou concordants,
- saisir le juge des libertés et de la détention pour statuer sur une éventuelle incarcération.
Cette procédure peut durer plusieurs mois, voire plus d’un an, selon l’avancement des investigations.

- Agathe Hilairet a disparu dans des conditions jugées inquiétantes.
- Une enquête de flagrance a été ouverte puis prolongée.
- Le parquet de Poitiers a requis une information judiciaire, étape clé du processus pénal.
- Cette procédure, dirigée par un juge d’instruction, permet d’utiliser des moyens d’enquête renforcés.
- L’objectif : établir la vérité, dans le respect des droits, face à une situation potentiellement criminelle.
À retenir

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