À l’approche du 1er mai, plusieurs professions tels que les boulangers ou les fleuristes dénoncent l’interdiction de faire travailler leurs salariés ce jour-là.
Face à cette mobilisation, le gouvernement envisage de modifier le Code du travail pour assouplir l’interdiction de faire travailler les salariés le 1er mai. Pourquoi cette journée est-elle à ce point protégée ? Que prévoit la loi aujourd’hui, et que pourrait-elle changer ?
Table des matières
Le 1er mai est le seul jour férié obligatoirement chômé et payé
En France, il existe 11 jours fériés légaux, mais un seul bénéficie d’un statut aussi protecteur : le 1er mai.
Conformément à l’article L. 3133-4 du Code du travail, cette journée est obligatoirement chômée pour les salariés, et doit être rémunérée. Contrairement aux autres jours fériés, il n’est pas possible de négocier une ouverture avec du personnel salarié sauf exceptions strictement encadrées.
Seuls certains secteurs “essentiels” sont autorisés à déroger : hôpitaux, transports, hôtels, services de sécurité, usines à feu continu…
Bon à savoir : Les autres jours fériés, comme le 15 août ou le 1er novembre, ne sont pas automatiquement chômés ni payés. Leur traitement dépend des conventions collectives ou de l’usage dans l’entreprise.
Pourquoi cette interdiction suscite-t-elle autant de débats ?
Le 1er mai a été instauré en hommage aux luttes ouvrières pour la journée de 8 heures, devenant férié en 1947. C’est un symbole fort des droits des travailleurs. Mais aujourd’hui, cette interdiction est jugée trop rigide par de nombreux professionnels.
En 2024, plusieurs boulangeries ont été verbalisées pour avoir fait travailler des salariés le 1er mai, entraînant une vague d’incompréhension. Les employeurs mettent en avant le volontariat et le paiement double des heures.
Les fleuristes dénoncent également une distorsion de concurrence : le muguet peut être vendu librement par des particuliers, mais pas par eux ce jour-là.
« Les clients sont là, les salariés veulent travailler… pourquoi interdire ? »
L’amende encourue est lourde pour les employeurs
La loi est claire : faire travailler ses salariés le 1er mai est une infraction, sauf dans les cas prévus.
Conformément à l’article R. 3135-1 du Code du travail, l’employeur encourt une amende de 750 euros par salarié concerné, doublée si le salarié est mineur.
Ces amendes sont cumulatives : pour trois salariés, le coût peut atteindre 2 250 euros. En plus, des sanctions administratives et un contentieux avec l’inspection du travail peuvent s’ajouter.

Une dérogation supprimée en 2006, source d’insécurité juridique
Bon à savoir : Jusqu’en 2006, une position ministérielle de 1986 tolérait le travail le 1er mai dans certaines professions artisanales, tant que le volontariat et les droits des salariés étaient respectés.
Mais cette tolérance a été balayée par un arrêt de la Cour de cassation (chambre criminelle) en 2006, estimant que seule une loi pouvait accorder ce droit.
Depuis, aucune base juridique claire ne permet l’ouverture de ces commerces le 1er mai avec du personnel salarié.
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Une réforme du Code du travail est en cours
Sous la pression de plusieurs professions, plus de 50 parlementaires ont interpellé le gouvernement. En avril 2025, la ministre du Travail, Madame Catherine Vautrin, a annoncé travailler sur une proposition de loi.
Son objectif :
- Autoriser certaines professions artisanales à travailler le 1er mai,
- Encadrer strictement ce droit (volontariat, double salaire, repos compensateur).
« Ce qu’une loi a fait, seule une loi peut le défaire » – Mme Catherine Vautrin, avril 2025
Les secteurs concernés pourraient être listés dans la loi ou faire l’objet d’accords professionnels spécifiques.

- Le 1er mai est le seul jour férié obligatoirement chômé et payé, sans dérogation possible pour la majorité des professions.
- Des sanctions lourdes sont prévues en cas de non-respect.
- Une ancienne tolérance administrative a été annulée par la justice en 2006.
- Une proposition de loi est en cours d’élaboration pour adapter ce cadre aux réalités artisanales.
Vers une remise en question plus large des jours fériés ?
Ce débat réactive une question plus générale : faut-il moderniser le traitement des jours fériés en France ?
Certains pays européens laissent aux employeurs la possibilité de récupérer ces jours, ou adaptent les fériés selon les besoins locaux. En France, le caractère symbolique du 1er mai rend cette évolution complexe.
Pour l’instant, le projet de loi est attendu dans les prochaines semaines, mais aucune disposition nouvelle n’est encore en vigueur.
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