Marine Le Pen a été condamnée en mars 2025 à une peine de cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire. Sa condamnation a des conséquences immédiates sur ses mandats locaux. Cependant, son recours administratif, son appel pénal, et les zones grises du droit électoral lui permettent – pour l’instant – de rester députée et potentiellement candidate à l’élection présidentielle de 2027.
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Une inéligibilité avec exécution provisoire : une peine à effet immédiat, mais variable
La condamnation de Marine Le Pen inclut une peine d’inéligibilité avec exécution provisoire. C’est-à-dire applicable immédiatement, sans attendre l’issue des recours. Ce mécanisme vise à empêcher un élu, jugé inapte à exercer une fonction publique, de poursuivre son mandat.
Bon à savoir : Une peine avec exécution provisoire est applicable même si l’intéressé fait appel. Cette particularité vise à garantir la protection de l’intérêt général.
Cependant, l’application immédiate de cette peine varie selon les fonctions occupées, en raison des spécificités prévues par le droit électoral.
Démission d’office : pourquoi seuls les élus locaux sont immédiatement concernés ?
- Les élus locaux (maires, conseillers départementaux, régionaux) sont démissionnés d’office dès la condamnation. Cela s’applique même en cas d’appel, conformément à l’article L. 230-1 du Code électoral.
- Les parlementaires nationaux (députés, sénateurs) conservent leur mandat tant que la condamnation n’est pas définitive. Ce principe vise à garantir leur participation à l’exercice de la souveraineté nationale.
👉 La préfecture a donc acté la démission d’office de Marine Le Pen de son mandat local. Cependant, elle reste députée tant que la cour d’appel ou la Cour de cassation n’a pas confirmé la peine.
Bon à savoir : Le Conseil constitutionnel distingue clairement les fonctions locales et nationales, afin de protéger les institutions représentatives de la République.
Marine Le Pen conteste sa démission : un recours administratif stratégique
Marine Le Pen a décidé de contester sa démission d’office devant le tribunal administratif de Lille. Ce recours ne remet pas en cause la condamnation pénale elle-même. Il vise à suspendre ou annuler les effets immédiats de l’inéligibilité, notamment la perte de son mandat local.

Quels arguments juridiques pour annuler sa démission d’office ?
Elle s’appuie sur plusieurs arguments, dont :
- un éventuel vice de procédure lors de la notification de sa démission,
- une atteinte disproportionnée à ses droits politiques, puisque la condamnation n’est pas encore définitive.
Bon à savoir : La jurisprudence administrative autorise les recours en excès de pouvoir contre les décisions du préfet. En cas d’urgence, un référé-suspension peut être demandé pour stopper temporairement l’exécution de la décision.
Une stratégie judiciaire… et politique
En contestant cette démission, Marine Le Pen :
- gagne du temps pour maintenir son rôle local,
- mobilise son électorat autour d’un discours d’injustice,
- ralentit les effets juridiques de la condamnation, dans l’attente du jugement en appel.

- Un élu local perd immédiatement ses fonctions,
- Un député peut siéger malgré une condamnation,
- Un candidat à la présidentielle peut déposer sa candidature tant que les recours sont en cours.
Ce que peut changer la suite de la procédure pénale
Marine Le Pen a fait appel de sa condamnation. La cour d’appel peut confirmer, modifier ou annuler le jugement.
Si la cour d’appel confirme la condamnation, Marine Le Pen pourra encore la contester devant la Cour de cassation.Ainsi, cela pourrait repousser les effets définitifs de la peine jusqu’en 2027… voire au-delà.
👉 En attendant une décision définitive, elle conserve ses droits civils et politiques, sauf ceux directement affectés par l’exécution provisoire (mandat local).
Bon à savoir : Tant que la condamnation n’est pas définitive, Marine Le Pen reste techniquement éligible, y compris pour les élections nationales comme la présidentielle.
Peut-elle vraiment se présenter à la présidentielle ?
Oui. Contrairement aux autres scrutins, l’élection présidentielle est régie par un régime juridique autonome. Ce régime provient de la Constitution et d’une loi organique de 1962. Tant qu’aucune condamnation définitive n’est intervenue, rien n’interdit légalement le dépôt de candidature.
👉 Même sous le coup d’une exécution provisoire, Marine Le Pen reste éligible à la présidentielle, tant que les recours sont en cours.De nombreux juristes critiquent régulièrement cette zone grise du droit électoral, mais elle reste juridiquement valable.
Un précédent qui interroge : quelles marges de manœuvre pour les élus condamnés ?
Le cas de Marine Le Pen illustre les limites actuelles du droit électoral français :
Les différentes sources juridiques (code électoral, Constitution, lois organiques), qui n’ont pas été harmonisées, expliquent ces écarts. Cela crée ainsi des inégalités d’application.
👉 Ce flou alimente aujourd’hui les débats sur la réforme du régime d’inéligibilité en période électorale.
Pour mieux comprendre la peine d’inéligibilité, consultez notre article : Marine Le Pen condamnée à l’inéligibilité : que prévoit la loi ?
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