Les travaux sans autorisation en copropriété peuvent entraîner des sanctions lourdes. Pourtant, de nombreux propriétaires ignorent les règles applicables ou pensent à tort qu’elles ont disparu après dix ans. Dans cet article, vous comprendrez ce que devient un règlement de lotissement au bout de 10 ans, comment il interagit avec le plan local d’urbanisme (PLU), et surtout, quelles sont les conséquences si vous réalisez des travaux sans autorisation.
Nous aborderons également les différences entre lotissement et copropriété, les risques de litiges entre voisins, les sanctions possibles, et les solutions pour protéger vos droits. Ce guide est conçu pour vous permettre d’anticiper les erreurs et d’agir en toute conformité.
Un article essentiel pour tout propriétaire souhaitant réaliser des travaux sans risquer de sanction.
Table des matières
Travaux sans autorisation en copropriété : quelles sanctions et conséquences juridiques ?
Faire des travaux sans autorisation dans une copropriété n’est jamais anodin. Modifier une façade, percer un mur porteur, poser une climatisation ou transformer une cave en pièce à vivre nécessite presque toujours une autorisation préalable de la copropriété (assemblée générale) et des services d’urbanisme (permis ou déclaration préalable).
Sans cela, le copropriétaire s’expose à des sanctions civiles (remise en état, dommages-intérêts, annulation des travaux), voire à des sanctions administratives si les règles d’urbanisme ne sont pas respectées.
Bon à savoir : en copropriété, le syndic ou un autre copropriétaire peut vous assigner en justice pour non-respect du règlement, même plusieurs mois après les travaux.
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Lotissement ou copropriété : ne confondez pas !
Un lotissement est un ensemble de maisons individuelles réparties sur des parcelles, avec parfois des espaces communs. Un règlement de lotissement impose des règles sur l’aspect des constructions, les usages autorisés, la clôture, etc.
Une copropriété, en revanche, est un ensemble immobilier (souvent un immeuble ou un groupe d’immeubles) régi par un règlement de copropriété. Chaque copropriétaire détient une part des parties communes et doit se soumettre à des règles précises (travaux, bruit, usage des locaux…).
Les deux régimes sont très différents :
- Dans un lotissement, les sanctions relèvent souvent du civil (litiges entre voisins),
- En copropriété, les décisions passent par l’assemblée générale et les actions peuvent être engagées par le syndic.
Peut-on faire des travaux sans autorisation si le règlement est caduc ?
Dans les lotissements, la loi prévoit que le règlement peut devenir caduc au bout de 10 ans si un PLU couvre la zone (article L.442-9 du Code de l’urbanisme). Mais cette caducité ne signifie pas que les propriétaires peuvent faire ce qu’ils veulent.
Même sans règlement, il faut toujours :
- Respecter le PLU,
- Vérifier le cahier des charges (souvent encore contraignant entre voisins),
- Déposer une autorisation d’urbanisme si nécessaire (déclaration ou permis).
En copropriété, la notion de caducité ne s’applique pas. Le règlement reste valable tant qu’il n’est pas modifié par vote en assemblée générale.
Cas pratiques : des travaux qui coûtent cher
Exemple 1 : changement de fenêtres en copropriété
Madame R. change seule les fenêtres de son appartement sans autorisation. En assemblée générale, les autres copropriétaires contestent le style choisi. Résultat : elle doit tout remplacer à ses frais.
Exemple 2 : piscine en lotissement
Monsieur L. installe une piscine hors-sol dans un lotissement sans demander d’autorisation. Or, le règlement de lotissement (encore valable) l’interdit. Son voisin saisit le tribunal civil et obtient gain de cause : la piscine est démontée.
Exemple 3 : extension non déclarée
Une copropriétaire transforme des combles en chambre. Aucun accord en AG, aucun dépôt en mairie. Le syndic engage une procédure : elle devra déposer une régularisation… ou supprimer les aménagements.
Quelles sont les sanctions possibles ?
Sanctions en copropriété :
- Remise en état des lieux (démolition d’un ouvrage non autorisé),
- Astreinte financière journalière,
- Condamnation à des dommages-intérêts,
- Annulation des travaux par décision judiciaire.
Sanctions en lotissement :
- Action en justice civile par un voisin (non-respect du cahier des charges),
- Amende administrative si les règles d’urbanisme ne sont pas respectées,
- Mise en conformité exigée par la mairie.
Bon à savoir : en copropriété comme en lotissement, il est parfois possible de régulariser les travaux a posteriori, mais ce n’est pas garanti.
Comment faire les choses dans les règles ?
Avant tout projet, posez-vous les bonnes questions :
- Suis-je en copropriété ou en lotissement ?
- Existe-t-il un règlement ou un cahier des charges ?
- Ai-je besoin d’une autorisation de la mairie ?
- Dois-je obtenir un vote en assemblée générale ?
Et surtout : n’engagez pas les travaux avant d’avoir obtenu toutes les autorisations nécessaires.
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Peut-on contester des travaux réalisés sans autorisation ?
Oui. Un copropriétaire ou un voisin dans un lotissement peut engager une action pour faire cesser ou annuler les travaux réalisés sans autorisation. En copropriété, c’est généralement le syndic qui agit, mais chaque copropriétaire peut aussi agir individuellement s’il justifie d’un préjudice.
Dans un lotissement, les actions sont engagées entre colotis. Il est nécessaire d’apporter la preuve du non-respect du cahier des charges ou du règlement de lotissement s’il est encore valable.
Quels sont les délais pour agir en justice ?
- En matière d’urbanisme, l’action de la mairie pour faire cesser une infraction est en général de six ans à compter de l’achèvement des travaux.
- Pour une action entre copropriétaires, le délai de prescription est de cinq ans à compter de la connaissance des travaux litigieux.
- Entre colotis dans un lotissement, les actions civiles doivent également être engagées dans un délai de cinq ans.
Bon à savoir : si le recours vise un permis de construire, le délai de recours des tiers est de deux mois à compter de l’affichage du permis sur le terrain.

Que faire si vous héritez ou achetez un bien avec des travaux non autorisés ?
L’acquéreur peut se retrouver responsable des travaux irréguliers réalisés par un précédent propriétaire. Pour éviter cette situation :
- Demandez à consulter le dossier de copropriété ou de lotissement (PV d’AG, autorisations accordées, contentieux en cours),
- Vérifiez la conformité urbanistique auprès de la mairie,
- Faites appel à un notaire ou un avocat pour identifier les risques juridiques liés au bien.
En cas de doute, négociez une clause d’indemnisation ou de garantie dans l’acte de vente.
Bon à savoir : certains travaux non autorisés peuvent empêcher une revente ou bloquer l’octroi d’un crédit immobilier.
Peut-on régulariser les travaux après coup ?
Dans certains cas, il est possible de déposer une demande de régularisation après avoir effectué des travaux non autorisés. Cela dépend :
- Du type de travaux concernés,
- De leur conformité aux règles d’urbanisme en vigueur,
- Du règlement de copropriété ou du cahier des charges du lotissement,
- De l’absence de procédure contentieuse en cours ou d’opposition des voisins.
En copropriété, la régularisation passe par une demande d’autorisation rétroactive en assemblée générale. Si la majorité l’accepte, vous pouvez régulariser. Dans le cas contraire, vous devrez remettre les lieux en état. En urbanisme, la mairie peut accorder un permis ou une déclaration a posteriori si les travaux sont conformes aux règles du PLU. Attention toutefois, cette régularisation n’est jamais automatique.
Bon à savoir : déposer une demande rétroactive n’empêche pas les poursuites en cours, mais peut atténuer les sanctions ou éviter une démolition.

- Travaux autorisés avec déclaration préalable : changement de fenêtres, pose d’un store banne, ravalement de façade, création d’une ouverture.
- Travaux nécessitant un permis de construire : extension de plus de 20 m², surélévation, transformation d’un local en logement.
- Travaux interdits sans dérogation : percement d’un mur porteur sans étude préalable, modification de l’aspect extérieur en zone classée, usage commercial dans un lot à usage d’habitation.
Travaux autorisés vs. travaux interdits : exemples concrets
Voici quelques exemples de travaux souvent concernés par des litiges ou des autorisations nécessaires :
Bon à savoir : certains travaux peuvent sembler minimes mais nécessitent tout de même une autorisation dès qu’ils impactent l’aspect extérieur du bâtiment.
En résumé
Faire des travaux sans autorisation en copropriété ou en lotissement peut entraîner de lourdes sanctions, même si vous êtes de bonne foi. Entre règlements, cahiers des charges et autorisations d’urbanisme, les règles sont nombreuses. Et les conséquences peuvent être financières, juridiques et humaines.
Prenez toujours le temps de vous renseigner, de consulter les textes applicables et, en cas de doute, de vous faire accompagner par un avocat en droit immobilier. Cela vous évitera des litiges… et de mauvaises surprises.
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